Je voulais voir la jungle alors je suis monté au nord du Guatemala en sortant du Mexique plutôt que de passer plus directement par le lac Atitlán.
Le style de détour qui te rajoute 700 bornes et à force d’en faire je me suis demandé si j’allais pas être à la bourre.
Ces 10 derniers jours, j’ai donc avancé sévère, traversant du nord au sud le Guatemala, puis la côte salvadorienne et le Honduras en longeant le golfe de Fonseca pour me retrouver à León au Nicaragua où j’ai besoin d’un peu de repos et où les gens dansent bien... même pas tu joues quand tu sais faire que comme si t’étais Angus Young avec sa guitare.
J’ai donc pédalé. Le passage au Guatemala m’a fasciné. Le pays où les gens s’encombrent pas avec des conneries. Des sourires, de l’amour, des femmes bien dans leur corps quelqu’il soit, une sensualité à fleur de peau. Faut dire qu’en vélo, tu en vois des fesses toute la journée se dandiner au bord de la route ou quand des couples se serrant amoureusement te doublent en moto. Je n’ai fait que camper chez des gens, dans les stations service et j’ai jamais pu offrir une bière, tout en finissant passablement éméché parfois sans avoir encore posé le bivouac.
Contraste saisissant avec la conduite où j’ai senti une agressivité sans nom, fini au fossé deux fois sur l’axe principal du pays qui relie un des deux ports à la capitale. Ce jour-là, je me suis réfugié complètement secoué dans un petit village au bord du lac Izabal. Ma bonne étoile veillant, j’y ai rencontré la seule personne qui se baignait aussi. Le lendemain, il emmenait sa vieille maman chez le médecin 100 km plus loin, exactement au point où je devais quitter cet axe infernal. Je n’ai pas refusé sa proposition de m’embarquer avec mon vélo, trouvant tout cela bien plus dangereux que d’évoluer sans corde dans la face nord des Grandes Jorasses ou de sortir la nappe à pic-nic sous les séracs de l’Envers du Mont Blanc.
Au Salvador et au Honduras, c’était différent. Pas d’agressivité mais le cycliste est invisible, il ne fait pas partie du plan de circulation, à lui de jongler avec ça. Attention de tous les instants et c’est toujours le plus gros qui gagne. J’ai fini des journées épuisé non par le kilométrage conséquent mais par le stress, développant une haine de tout ce qui a un moteur, courbant l’échine en ne regardant plus que droit devant. Le code de la route semble consister à se mettre sur le pare-brise une bande autocollante “Dieu est amour” ou “Jésus nous sauvera” ou “Ne te rends jamais” puis de rouler à fond en klaxonnant pour que les autres se poussent.
Au Salvador, j’ai croisé un dimanche des cyclistes sportifs. Ils étaient scrupuleusement encadrés par des voitures qui les protégeaient du reste de la circulation.
Il était temps de me poser là, j’allais devenir dingue. Ça me fait marrer parce que je fais du sport toute la journée et le soir je saute sur des clopes et des bières pour décompresser. Le truc complètement improductif.
Dessins d’Olivier Dautais
Maintenant je me sens un peu moins à la bourre alors je vais voir comment je fais pour finir. Je n’exclue pas de prendre le bus pour sauter les sections dangereuses et de ne faire du vélo que dans les endroits sympas, histoire de finir ces vacances... par des vacances.
Le reste en images...
Camping de luxe à Yaxha au nord du Guatemala
Site Maya de Yaxha
Un tour dans la jungle au site archéologique perdu de Nakum
Le cri des singes hurleurs quand il leur faut une nana
Singes araignées
Dans la jungle de pas oublier ce redoutable produit anti-moustiques qui consiste à se mettre du produit à nettoyer les WC sur le corps
Campagnes au Guatemala
Bivouac 5 étoiles en station service
Arrivée à Rio Dulce où la Mer des Caraïbes rentre dans les terres
Crevaison de luxe pile sur le pont de la Mer des Caraïbes (la seconde en 6500 km, merci Schwalbe on va pas se plaindre)
Pas trop dur de trouver le trou bien que j’ai failli sortir mes lunettes de lecture
Au lac Izabal
Trop fastoche le cyclisme
Petite revanche sur les camions à la frontière du Salvador
Épicerie de bord de route au Salvador. L’atmosphère se tend
Ambiance à Santa Ana au Salvador
En montant dormir en haut du Cerro Verde
Belle rencontre face au volcan Izalco avec un salvadorien aussi pelé que moi qui me proposait son peigne
Bivouac humide au Cerro Verde
Río Lempa au Salvador
Le volcan de San Miguel
Coup de mou
Se retaper avant de sortir du Salvador
Frontière Salvador - Honduras
Arrivée à Choluteca au Honduras
Bivouac chez les pompiers au Honduras
Frontière Honduras - Nicaragua
Sur la route de León, Nicaragua
Volcan San Cristobal
León. Ici c’est bien, au marché toutes les vendeuses m’appellent « mi amor ». Par contre je comprends pas, elles disent ça à tout le monde, sont gonflées quand même, elles ont de la chance que je sois pas jaloux
Les jolies cartes et mots que m’envoient les élèves du collège de Mexico. Je vous réponds bientôt !
Et je suis là...